Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d’épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces, et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet. Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais du président de l’Assemblée ; mais bientôt, il n’y aura plus d’Assemblée, il n’y aura plus de président, et, dans quelques années, il n’y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants.
Eric Vuillard nous permet de suivre, un peu à la manière d’une petite souris, une rencontre de février 1933 entre 24 des plus grands industriels allemands, Hitler et Georing. Krupp, Siemens, Bayer ou encore Oppel sont sommés de financer la montée en puissance du parti nazi. C’est ainsi que débute cet habile essai, empreint d’une fausse naïveté. Dans son récit cinglant et captivant, Eric Vuillard dépeint également sous un jour nouveau l’Anschluss, pendant lequel un grain de sable a grippé la mécanique des panzers allemands, sous le regard des hommes politiques européens.